Martin Houle (design architectural 2001, architecture 2002) est bien connu du milieu de l’architecture au Québec. Après ses études, il a travaillé pendant 7 ans dans la pratique « traditionnelle » avant de faire le saut en génie structural, en 2010, pour éventuellement devenir architecte associé dans la firme d’ingénierie ELEMA experts-conseils. En 2006, il a créé Kollectif, une plateforme de nouvelles en architecture au Québec. Soucieux de créer des liens dans sa communauté, c’est par ailleurs ce qui l’a encouragé à devenir mentor, après avoir été mentoré lui-même.
En tant que mentoré, Martin ne cherchait que des réponses à ses questions, mais, finalement, le mentorat lui a rapporté beaucoup plus qu’il ne l’avait pensé. Les rencontres avec son mentor, avec qui il garde toujours contact, se sont avérées être un soutien moral extrêmement bénéfique. Ce soutien lui a permis de se construire une confiance professionnelle et personnelle. Le partage d’expérience de la part du mentor relativise des situations et permet de voir « la montagne au-delà de la forêt ».
Il répond à quelques questions concernant son rôle de mentor.
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir mentor?
Par empathie pour les jeunes diplômés et principalement à cause des bénéfices dont j’ai moi-même profité à titre de mentoré. La transition entre les domaines académique et professionnel est excitante, mais est parfois, même souvent, semée d’embûches, de questions et de doutes, une fois arrivés dans le « vrai » monde.
À quoi vous attendiez-vous du mentorat?
En tant que mentor, je m’attendais évidemment à accompagner et à partager mon expérience, mais en même temps à apprendre. Apprendre des appréhensions d’une génération différente de la mienne. Apprendre du point de vue de leur relation par rapport au travail et de leur vision de l’avenir de la profession. Et je vous confirme que j’ai beaucoup appris! En somme, j’en retire d’un côté un sentiment du devoir accompli et de l’autre, une plus grande empathie auprès de la génération à venir.
Par ailleurs, je m’implique auprès de la Faculté de l’aménagement en tant que critique invité pour les projets des étudiants. C’est une opportunité pour eux de confronter leurs idées auprès de professionnels. Pour moi, c’est l’occasion de prendre le pouls de la génération à venir et, surtout, de me laisser inspirer par leur engouement!
Mais le rôle 1er d’un bon critique est d’offrir des commentaires constructifs. Hormis de relever les défauts d’un projet, il faut offrir des pistes de solutions dans une démarche pédagogique. Le mentorat pour moi est une extension plus « personnalisée » de cette approche. Elle s’ancre d’ailleurs parfaitement dans la tradition architecturale des maîtres maçons et de leurs apprentis au Moyen Âge : accompagner, soutenir et, ultimement, passer le flambeau.
Comment avez-vous été mis en relation avec vos mentorés?
Dans le cas de mon 1er mentoré, Étienne, c’est lui qui a communiqué avec moi, car nous nous connaissions déjà. Étienne avait une carrière florissante en design graphique, et nous avions réalisé certains mandats ensemble, dont la nouvelle mouture du site de Kollectif, en 2014.
L’architecture a toujours été l’une de ses passions et, alors qu’il devenait jeune papa, il a eu le courage de se relancer dans des études à temps plein et a obtenu son diplôme de l’École d’architecture de l’Université de Montréal, en 2015. Il a aujourd’hui sa propre firme, et nous avons évidemment gardé le contact!
À travers les années, j’ai également conseillé des jeunes qui pensaient étudier en architecture durant des stages du secondaire ou en début de carrière. J’ai même parfois organisé des visites avec eux, mais connaître la différence d’approche est importante! Les jeunes du secondaire sont plus timides, mais impressionnés lorsqu’ils mettent les pieds pour la 1re fois dans un bureau d’architecte. Pour ceux en début de carrière, ce sont plus les questions et orientations en lien avec leurs choix professionnels qui les tracassent.
Quels conseils donneriez-vous à des mentors en devenir ou à ceux qui hésitent à devenir mentors?
Comme le dit le vieux dicton : « Nous avons 2 oreilles, 2 yeux et 1 bouche. » Cela veut dire que nous devrions écouter et observer 2 fois plus que l’on parle et, dans le cas d’un mentor, c’est essentiel.
Le mentorat pour moi est l’art d’accompagner et de valoriser, tout en étant transparent. Le lien de confiance est crucial, et c’est pour cette raison qu’il doit y avoir une certaine connexion dès les premières rencontres. Si cette connexion n’existe pas d’un côté ou de l’autre, il faut être en mesure de l’avouer, car ultimement une relation de mentorat est comme n’importe quelle relation, qu’elle soit personnelle ou d’affaires : la qualité du lien relationnel dictera les bénéfices à court, moyen et long termes de part et d’autre.
Devenir mentor, c’est de contribuer à l’essor et l’épanouissement de quelqu’un qui nous fait confiance : c’est donc un acte profondément humain et ultimement gratifiant! Et le plus beau, c’est que si l’expérience pour le mentoré est agréable et fructueuse, il y a de bonnes chances qu’il puisse devenir mentor à son tour un jour