Soutenance de thèse de Francesca Fiaschi

Post-catastrophe : le Plan de Reconstruction des villes historiques italiens. Impacts et limites à travers les cas de Gibellina (1968), Venzone (1976) et L'Aquila (2009)
Résumé :
Cette recherche analyse les processus de reconstruction urbaine post-catastrophe dans les centres historiques italiens, en s’appuyant sur trois études de cas – Gibellina (1968), Venzone (1976) et L’Aquila (2009) – pour interroger de manière critique les Plans de Reconstruction, considérés comme des instruments urbanistiques orientant la transformation des contextes post-catastrophiques. Loin d’être de simples dispositifs techniques, ces plans révèlent, à travers leurs contenus et leurs modalités de mise en œuvre, l’interprétation que les pouvoirs publics donnent de la ville et ce qu’ils jugent prioritaire de reconstruire.
La recherche se concentre sur le moment où les choix politiques se traduisent dans un instrument urbanistique – le Plan de Reconstruction – et dans ses normes opérationnelles, dispositifs réglementaires et spatiaux qui produisent des effets mesurables sur l’organisation urbaine. À travers une analyse comparative, l’étude retrace l’évolution historique des stratégies de planification adoptées, en mettant en lumière leurs implications opérationnelles, cognitives et directrices, et en soulignant comment la reconstruction post-catastrophe est traitée principalement comme une question urbanistique, en l’absence d’une théorie structurée.
L’analyse repose sur une méthodologie qualitative, combinant la revue de la littérature, la recherche documentaire et l’observation directe des contextes. Le Plan de Reconstruction est considéré comme l’unité d’analyse principale, déchiffré à travers ses critères normatifs, ses priorités stratégiques et ses références à la conservation du patrimoine, à la sécurité sismique et à la gouvernance territoriale. L’étude met en évidence une forte attention portée aux aspects opérationnels et structurels, tout en reconnaissant que les dimensions sociales, symboliques et communautaires n’émergent que partiellement.
La revue de la littérature, couvrant le cadre théorique de la reconstruction des villes historiques de Lisbonne à nos jours, ainsi que l’évolution des interventions dans les centres historiques depuis le début du XXe siècle – avec une attention particulière à l’expérience de Bologne – montre un passage progressif, des approches intégrées des années 1960-1970, à une focalisation de plus en plus marquée sur la seule sauvegarde physique, notamment par le biais de l’unité d’intervention par agrégat (reconstructions de L’Aquila 2009, Émilie 2012). Cette dynamique révèle toutefois une carence dans l’intégration des besoins immatériels, sans toutefois en nier l’existence, soulignant ainsi la nécessité d’une approche plus équilibrée.
Les résultats montrent que, bien que les plans aient assuré, dans certains cas, la sauvegarde du patrimoine bâti et la sécurisation du territoire, des lacunes importantes subsistent dans l’intégration des dimensions sociales et culturelles. L’approche moderniste adoptée à Gibellina, la vision conservatrice et typomorphologique de Venzone et l’orientation technico-préventive suivie à L’Aquila définissent trois paradigmes distincts, chacun ayant des retombées spécifiques sur le tissu urbain et les modalités de requalification post-catastrophique.
Cette recherche contribue au débat scientifique et opérationnel sur la reconstruction urbaine post-sismique, en proposant une réflexion critique sur les limites des instruments existants et en formulant des recommandations pour une planification intégrée qui, en reconnaissant la complexité urbaine des contextes historiques, soit en mesure d’articuler intervention matérielle, identité collective et innovation sociale dans une optique d’adaptation durable et inclusive.
Mots-clés : Reconstruction post-catastrophe ; ville historique ; Plan de Reconstruction ; urbanisme de la reconstruction ; L’Aquila ; Venzone ; Gibellina ; dimension tangible et intangible de la ville.
Jury :
Miquel Reina Ortiz, président-rapporteur, Professeur adjoint de l'École d'Architecture
Gérard Beaudet, directeur de thèse , Professeur titulaire de l'École d'Urbanisme et d'Architecture de paysage
Gonzalo Lizarralde, membre du jury, Professeur titulaire de l'École d'Architecture
Romeo Carabelli, Examinateur externe, Professeur (HDR) Université Tours
Michel Max Raynaud, Vice-doyen de la faculté de l'aménagement et professeur agrégé de l'École d'Urbanisme et d'Architecture de paysage
Programme : 300510 PhD en aménagement
Date : 20 mai à 14h
Lieu : Salle 1056 du Pavillon de l'aménagement