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Maxime-Alexis Frappier vise les gratte-ciels

«Il a toujours été clair pour moi que je serais architecte», affirme Maxime-Alexis Frappier en plongeant dans ses souvenirs.

Tout jeune, dans le verger familial de Franklin, en Montérégie, il agence déjà des caisses de pommes pour en faire des cabanes. Sous ses doigts, le fruit est lui-même façonné en divers objets. «Je sculptais des autos dans des pommes… J’aimais le jeu de contrastes entre la chair blanche et la peau rouge», se souvient-il. Plus tard, au collège Notre-Dame, il s’amuse à dessiner des croquis de l’oratoire Saint-Joseph, qu’il peut voir par la fenêtre de sa classe. Ses esquisses deviennent «des agrandissements de l’oratoire sous forme d’utopies dramatiques», se remémore-t-il en souriant.

En 1996, il amorce ses études à l’Université de Montréal, où il sera inspiré par Jacques Lachapelle, l’actuel directeur de l’École d’architecture, et par les professeurs Lea Zeppetelli et Benoît Dupuis. Il se lie d’amitié avec Jean-François Gagnon, un collègue de classe avec qui il partagera sa passion pour la discipline tout au long de ses études et qui deviendra l’un de ses compétiteurs ! Celui-ci est élogieux à l’endroit de l’étudiant et du professionnel qu’est devenu Maxime-Alexis Frappier. «Ses talents multiples sont apparus rapidement et, en dessin, il manifestait une expression incroyable, indique M. Gagnon. Il donnait sa pleine mesure dans les ateliers, où il innovait sans cesse! Là où ses compagnons d’études s’exerçaient, lui était toujours en avance. Il constituait pour nous un véritable baromètre de l’excellence.»

De fait, le projet de fin de baccalauréat de Maxime- Alexis Frappier lui vaudra le Canadian Architect Student Award of Excellence en 2000.

Viser le sommet

Après ses études, M. Frappier effectue un «rite initiatique» en Europe, où il découvre avec émotion tant les grands monuments classiques, dont la cathédrale Notre-Dame de Paris et le Panthéon de Rome, que les bâtiments modernes comme la Neue Nationalgalerie de Mies van der Rohe à Berlin, la pyramide du Louvre de I. M. Pei à Paris et le Kursall de Rafael Moneo à Saint-Sébastien.

«Ce voyage a été marquant, car il m’a ouvert sur le monde et m’a permis de comprendre que les architectes québécois combinent avec justesse deux approches. La première, nord-américaine, est plutôt pragmatique et axée sur la performance. La seconde, d’inspiration européenne, est plus conceptuelle et flamboyante. Cette combinaison unique permet aux architectes québécois de se distinguer avantageusement sur les scènes canadienne et internationale», fait observer M. Frappier.

Après avoir travaillé dans un cabinet montréalais réputé à l’échelle canadienne pendant quelques années, il fonde avec trois collègues l’agence ACDF Architecture en 2006. Aujourd’hui, son équipe est composée de 45 architectes et techniciens qui ont à leur actif de nombreuses réalisations dans les domaines culturel, institutionnel et commercial. Ils ont aussi réalisé des projets dans les secteurs résidentiel et du patrimoine religieux.

La qualité et l’originalité de leurs projets ont d’ailleurs été soulignées dans différentes publications et reconnues par plusieurs prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec ; elles ont valu à Maxime-Alexis Frappier une médaille du Gouverneur général du Canada en architecture en 2010 (pour le projet St-Germain Égouts et Aqueducs de Saint-Hubert) et le Prix du jeune architecte du Canada (40 ans et moins), décerné par l’Institut royal d’architecture du Canada.

En 2013, c’est la consécration pour ACDF Architecture, qui est choisie parmi les cinq finalistes du concours d’architecture Keelung Harbor Terminal de Taipei. «Nous avons été retenus pour notre réflexion qui rejetait l’approche de l’architecture emblématique “iconique” ou spectaculaire, qui était alors en vogue en Asie, précise Maxime-Alexis Frappier. Nous avons ainsi analysé une pléiade de bâtiments à forte valeur symbolique pour déterminer leurs caractéristiques communes afin de concevoir un lieu à la fois emblématique et épuré.»

La plus récente réalisation de Maxime-Alexis Frappier et son équipe est le Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny. Terminé en 2015, il représente pour l’architecte «l’aboutissement d’une démarche de conception qui tend à privilégier des lieux où règne une certaine forme d’équilibre entre le dramatique et le pragmatique, que nous poursuivons depuis quelques années», mentionne-t-il.

Il souhaite d’ailleurs que tant les architectes que les organismes publics qui accordent des contrats soient plus exigeants sur le plan de l’esthétique. «Actuellement, les attributions de contrats reposent presque essentiellement sur des critères quantitatifs et non qualitatifs, déplore-t-il. Il faut que les municipalités et les organisations publiques demandent l’excellence en architecture parce qu’il est possible de créer des bâtiments qui peuvent nous faire rêver et nous faire apprécier la beauté.»

«Au Québec, nous avons des architectes très talentueux, et c’est reconnu, parce que nous combinons la flamboyance du style européen et le pragmatisme de l’approche américaine, ajoute-t-il. Les contraintes auxquelles nous sommes soumis ici, comme les budgets restreints et le climat notamment, deviennent nos plus grandes forces à l’étranger, mais nous devons aussi nous surpasser pour briser le mythe de l’architecte qui fait exploser les budgets et pour que le public apprécie davantage l’architecture.»

À la croisée des chemins

Pour l’heure, Maxime-Alexis Frappier s’affaire à ce qu’ACDF Architecture devienne l’une des meilleures firmes d’architectes du Canada, en réalisant des projets de toutes tailles qui peuvent jouer un rôle important dans les communautés ici et ailleurs dans le monde.

«Ma carrière est à la croisée des chemins, car il nous faut gérer la croissance sans perdre notre identité ni l’équilibre qui règne dans nos bureaux de Montréal et de Saint-Hyacinthe», confie-t-il. Ouvrir un bureau à Toronto et possiblement en Colombie-Britannique fait partie des projets que caressent Maxime-Alexis Frappier et ses associés.

«J’ai besoin de continuer à faire du ski le week-end, de contempler les couchers de soleil, de jouer du piano classique et de chanter de l’opéra pour nourrir ma créativité, conclut le père de deux garçons qui doit aussi concilier travail et famille. Tout est une question d’équilibre, en architecture comme dans la vie.»