Les gratte-ciels sont les réalisations les plus visibles des scènes urbaines modernes et contemporaines. Comprendre leur signification globale, au-delà de leur simple rôle économique et fonctionnel dans la société d'aujourd'hui, à travers une étude de leur contribution à la culture visuelle et à la construction de l'identité collective, est indispensable à l'intelligibilité de la métropole contemporaine.
La recherche doctorale porte sur le "sommet" des gratte-ciels, considéré comme un double dispositif : "être vu" depuis la ville en contrebas et "voir" depuis le sommet, grâce aux belvédères qu'ils déploient et qui permettent une découverte visuelle du paysage urbain. Depuis leur apparition à Chicago et à New York, les gratte-ciels exprimant des pouvoirs commerciaux compétitifs ont façonné la ligne d'horizon de la métropole. Les premiers gratte-ciels étaient conçus pour être vus depuis le sol, mais depuis les années 1920, les architectes ont eu la tentation de regarder la ville d'en haut, en créant des zones d'observation au sommet de leurs gratte-ciel.
Dans la recherche, les sommets sont interprétés comme des constructions dialogiques qui transgressent l'opposition entre voir et être vu. Alors que leurs formes extérieures - des flèches aux flat-tops et aux pyramides - marquent la ligne d'horizon, on mesure ici le spectre des significations que le gratte-ciel incarne au fur et à mesure qu'il s'élève. Bien plus qu'un système sémiotique ou un modèle de représentation, le sommet devient un legs de présence, permettant une expérience esthétique dans laquelle observateurs et concepteurs sont impliqués du fait de leurs caractéristiques architecturales et de leur prédominance.
Les tours s'inscrivent dans toutes les échelles du paysage, mais les travaux scientifiques ont longtemps ignoré l'impact visuel et paysager de leurs couronnes. Une dimension essentielle de la conception et du fonctionnement du pont d'observation est la scénographie, la ville étant abordée comme un théâtre dont l'arrière-plan, l'avant-plan et le bâtiment sont les personnages de la pièce urbaine. Outre une analyse historique des principales étapes de la conception des sommets des gratte-ciel, l'accent est mis sur une analyse comparative d'un ensemble de ponts d'observation et de couronnes situés dans des villes telles que New York, Paris, Montréal et Shanghai, considérés dans leurs développements les plus récents.
Pour analyser les projets de construction, des méthodes mixtes seront utilisées, articulant une approche discursive et une analyse formelle, ainsi qu'une recherche sur le terrain : l'analyse sera centrée sur les formes (les dessins), le bâtiment (le projet construit réel), le discours (la description des architectes), le contexte (social et physique) et les récits autour du bâtiment (à travers les réponses publiées par le public et les médias).
Cotutelle entre l’Université de Montréal (Architecture) et l’Université Lyon 2 (Géographie)
Directeurs de thèse :
- Université de Montréal : Professeur Jean-Pierre Chupin, Architecture
- Université Lyon 2 : Professeurs Christian Montes et Manuel Appert, Géographie
Membres du jury :
- Professeur William Straw, examinateur externe, McGill University
- Professeur Xiangning Li, membre du jury, Tongji University
- Isabel Amaral, Président rapporteur, Université de Montréal
- Carmela Cucuzzella, doyenne, Faculté de l’aménagement, Université de Montréal
Quand : Mardi 19 décembre 2023 à 8h00 (Montréal), Zoom 14h00 (Lyon), 21h00 (Shanghai)
Où : Salle 2064, Faculté de l’aménagement, 2940 Chemin de la Côte-Ste-Catherine, Montréal